• J'aime bien Monsieur Todd, mais je pense devoir nuancer son propos.

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    La Russie se sait confrontée à une OTAN qui s'est créée dès 1945, à une période où la zone d'influence de l'URSS n'était pas "intégrée", où elle restait disparate. Il aura fallu que précisément les coups de boutoir du Pentagone, et la tendance à se montrer agressifs (les États-Unis ont toujours été agressifs tout en préten-dant le contraire), pour que se constitue – plus ou moins à contrecœur – le pacte de Varsovie.

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    Cette fois nous sommes dans un cas de figure assez similaire. Quand l'URSS s'est effondrée avec tout son monde, une condition a été demandée – ET ACCEPTÉE – au moment de la réunification de l'Allemagne, soit la promesse que l'OTAN resterait stable et n'envahirait pas les ex-pays de l'Est. Selon la bonne habitude anglo-saxonne, cette promesse n'a pas été tenue, ce qui constituait déjà le franchissement dirions-nous d'une ligne orange. Les choses se sont progressivement aggravées, avec les conflits de l'Abkazie et de l'Ossétie du sud, puis peu après le coup d'État fomenté par la CIA place Maïdan, et le commencement du pilonnage du Donbass en 2014. La ligne rouge a été franchie par la coalition otanienne, avec les préparatifs pour envahir le Donbass déclaré indépendant.

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    Donc, prévenant cette attaque de quelque deux semaines, la Russie a lancé ses troupes pour protéger les russophones-russophiles du Donbass. Cela aurait été une faute pour elle de ne pas le faire, et de ne pas tenter de consolider cette défense en tentant d'économiser le plus possible la vie humaine, toutes tendances confondues.

     

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    C'est là où je ne suis pas d'accord avec Monsieur Todd. Ce n'est pas la Russie qui a attaqué l'OTAN, c'est l'OTAN qui attaque la Russie via des troupes sacrifiées sans vergogne. Attitude typiquement anglo-saxonne : elle est loin, la première fois où Britannia envoyait des troupes indigènes ou autres se mesurer avec les soldats des pays qu'elle voulait affaiblir ou conquérir. D'ailleurs, on a pu remarquer la même réaction du "cher" oncle Sam, qui a lâché ses "boys" en 1917, puis en 1943, quand il eut su où serait le vainqueur. A quelle date un agresseur a-t-il mis la dernière fois le pied sur un sol anglo-saxon ? Il y a à peu près mille ans, avec la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant (1066-1075). Je mets un peu à part le débarquement japonais en 1943 sur quelques îles (Guam et Wake). Cela signifie quelque chose, je pense. Pour comparer, la dernière invasion de la France (par des anglo-saxons justement) eut lieu le 6 juin en Normandie puis le 15 août en Provence. Les jeunes Normandes de l'époque en gardaient un souvenir cuisant.

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    Oui, Monsieur Todd, il n'y a qu'un agresseur dans le monde : celui qui n'a justement jamais été agressé. Comme on pourrait le lancer en forme de boutade, « cela manque à sa culture. »

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    Quant à l'OTAN, je ne pense pas que la Russie veuille l'écraser : fine comme elle l'est, je pense qu'elle va la laisser s'écraser toute seule, sous le poids de contradictions insupportables.

     


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